Quand une cellule humaine devient médicament : c’est tout l’intérêt de l’immunothérapie par Car-T cells proposée, depuis le printemps 2022 au CHU d’Angers, aux patients atteints de certains cancers du sang (lymphome, leucémie aiguë).
Ce traitement innovant consiste à modifier génétiquement les lymphocytes des patients pour les rendre capables de détruire une tumeur. Les cellules sont prélevées par cytaphérèse, modifiées génétiquement en laboratoire et les lymphocytes devenus des Car-T cells sont injectés au patient par perfusion.
Un traitement en cas d'échec thérapeutique
Ce traitement est proposé, en cas d’échec thérapeutique avec engagement à plus ou moins long terme du pronostic vital, sans autre possibilité curative. Cependant, cette thérapie ne peut bénéficier à tous les patients. L’état de santé du malade, sa pathologie et sa gravité détermineront sa capacité à recevoir le traitement et à y répondre positivement.
En 2022, 10 patients angevins ont reçu une injection de Car-T cells. La maladie est aujourd’hui contrôlée chez 8 d’entre eux. 2 ont rechuté
Une chaîne de soins pluridisciplinaire
Cette thérapeutique est rendue possible par une chaîne de soins pluridisciplinaire, soumise à un protocole strict, imposant réactivité et expertise une fois la thérapie validée.
Sa mise en place au CHU a demandé 16 mois de travail, la qualification des services hospitaliers et de l’EFS par les laboratoires industriels chargés de la fabrication des Car-T cells.
Deux infirmières du service des Maladies du sang coordonnent les nombreux services hospitaliers impliqués en lien avec l’EFS :
La pharmacie à usage intérieur (PUI), impliquée dès le début du processus avec la commande du médicament et la gestion de sa réception, de sa conservation et de sa décongélation ;
Les neurologues et radiologues du CHU sollicités pour valider l’absence de contre-indications aux Car-T cells et en cas de complication neurologique ;
L’EFS des Pays de la Loire, avec le centre de soins d’Angers où les lymphocytes sont prélevés puis transférés à l’unité de thérapie cellulaire de Nantes, chargée de la congélation et de l’expédition des cellules prélevées aux laboratoires industriels pour y être transformées en Car-T cells ;
Les laboratoires d’hématologie et d'immunologie du CHU qui réalisent le suivi des Car-T cells chez le patient ;
Les services de Réanimation et d’infectiologie interviennent pour la gestion des effets secondaires spécifiques pouvant engager le pronostic vital. Lorsqu’une réponse au traitement est observée après l’injection des Car-T cells, le taux de survie est multiplié par trois et le taux de rémission à long terme est de 50 %.
12 à 18 patients pourraient prétendre à ce traitement au CHU en 2023.