Le mal de tête est certainement l’un des symptômes les plus fréquents et universels. Tout le monde a eu un jour mal à la tête… Considérée comme banale et intégrée à la vie courante, la céphalée est souvent traitée par automédication, avec quelques cachets antidouleur, ce qui n’est pas toujours adapté.

Toutes les céphalées ne sont pas des migraines. Il existe de nombreuses causes de céphalées, souvent bénignes, parfois plus graves, très souvent invalidantes. Comment les distinguer, et comment les traiter de façon adéquate ?

Conférence du Pr Christophe Verny

Conférence animée par le Pr Christophe Verny, Chef du Département de Neurologie du CHU d’Angers.

Tout mal de tête n’est pas une migraine

La migraine à proprement parler ne représente qu’une part très minoritaire des maux de tête.
Parmi les céphalées au sens large, on distingue les céphalées primaires et secondaires :

  • Sont dites « secondaires » toutes les douleurs dont l’origine peut être déterminée : choc, méningite, tumeur, sinusite, etc.
  • Sont appelées « primaires » les céphalées qui ne sont pas le signe d’une autre maladie, mais constituent la maladie en soi.

Les céphalées primaires sont avant tout deux maladies fréquentes :

  • Les céphalées « de tension », liées à la tension nerveuse ou musculaire, au stress, à la fatigue... Relativement courantes, elles représentent environ 80 % des cas de céphalées primaires.
  • Les migraines (15 à 20 %).

Il existe enfin des céphalées primaires rares et très spécifiques.
 

Qu’est-ce que la migraine ?

La migraine répond à des caractéristiques bien particulières.
C’est un mal de tête :

  • Intense,
  • présent souvent en hémicrânie, c’est-à-dire d’un seul côté de la tête,
  • qui « tape » comme des battements du cœur ou des coups de marteau,
  • qui s’accentue avec le bruit et la lumière,
  • qui dure longtemps, de plusieurs heures à quelques jours,
  • accompagné de nausées, vomissements,
  • enfin, qui peut être déclenché par un facteur précis, très variable selon les personnes : alimentation (vin blanc, chocolat sont des exemples fréquents), cycle hormonal (notamment les règles), pièce surchauffée, variation du sommeil, etc.

Il est important de déterminer ce facteur déclenchant car son éviction peut ensuite participer au traitement.

Certaines migraines, dites « avec aura », ne se contentent pas de faire mal à la tête : elles s’accompagnent de signes neurologiques - troubles de la vision (c’est la fameuse migraine ophtalmique), paralysie, fourmillements d’une partie du corps… - parfois très invalidants et qui peuvent faire penser, la première fois, à un accident vasculaire cérébral.

Comment traiter la migraine ?

Physiologiquement, le mécanisme de la migraine est encore mal connu. Il met en œuvre des processus d’interaction entre le nerf trijumeau - qui innerve la face mais aussi les méninges qui tapissent le cerveau - et la vascularisation de ces méninges. Les terminaisons nerveuses vont secréter un neuropeptide qui va déclencher une vasodilatation des vaisseaux méningés et une inflammation locale, entraînant des douleurs.
 
Il existe actuellement deux types de traitement, répondant à des approches différentes et complémentaires :

  • la crise de migraine est traitée à court terme par des médicaments antidouleurs classiques (paracétamol…) ou anti-inflammatoires. Bien qu’étant, pour un certain nombre, en vente libre, il faut rester vigilant quant à leurs effets secondaires potentiels. Certains médicaments vasoconstricteurs, de la famille des triptans, s’avèrent très efficaces contre la migraine. Uniquement délivrables sur prescription médicale, ils s’accompagnent cependant de contre-indications notamment cardio-vasculaires.
  • Sur la durée, des traitements de fond médicamenteux permettent une action préventive, pour éviter la survenue et limiter l’intensité des crises. Ces médicaments agissent soit sur le système cardio-vasculaire, soit sur les centres nerveux de la douleur.

Plusieurs pistes de recherche sont actuellement poursuivies : nouveaux traitements à l’essai ou en cours de validation, traitements par stimulation micro-électrique…

Attention aux abus de médicaments !

En cas de céphalée fréquente, le patient habitué à l’automédication risque d’augmenter exagérément les doses ou la fréquence de prise des antalgiques. Au bout de quelques semaines, l’effet recherché s’inverse : la céphalée réapparaît de plus en plus rapidement, provoquée et alimentée par les médicaments en question. C’est la « céphalée par abus médicamenteux ».

Le seul remède est… d’arrêter justement toute prise de médicament ! Cela nécessite un sevrage de quelques jours, qui peut se faire en hospitalisation. Le patient doit surmonter l’appréhension de la douleur et réapprendre à utiliser à bon escient les médicaments, ou mettre en place un autre traitement de fond mieux adapté.

Parlez-en à votre médecin

Certaines céphalées peuvent nécessiter une prise en charge médicale, parfois urgente. Si la céphalée apparaît de façon brutale, présente des caractéristiques inhabituelles, il est essentiel d’en parler sans attendre à son médecin traitant et de suivre ses conseils.

La première chose à faire pour avoir une chance d’être soulagé de la douleur, c’est de l’exprimer. Or, la tendance au mal de tête est fréquemment passée sous silence, notamment dans le cas de prédispositions familiales : elle est tellement ancrée dans la culture familiale que l’on oublie d’en parler à son médecin. 

La persévérance sera souvent de mise, car les traitements de fond mettent plusieurs mois à devenir efficaces. De plus, il faut parfois essayer plusieurs molécules avant de trouver celle qui vous convient le mieux.

Si le médecin généraliste le juge utile, devant un tableau atypique ou en cas d’échec de cette première prise en charge, un neurologue pourra confirmer le diagnostic ou donner un avis thérapeutique complémentaire.

Enfin, si le problème persiste, les médecins pourront orienter le patient vers un Centre de la douleur pour une prise en charge pluri-professionnelle.
 

Le Département de Neurologie du CHU d'Angers

Le Département de Neurologie du CHU d’Angers assure la consultation et la prise en charge hospitalière des adultes atteints de maladies du cerveau, de la moelle épinière, des nerfs et des muscles. Regroupant plusieurs équipes spécialisées, il est notamment reconnu pour son expertise dans la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux, des myopathies, de l’épilepsie, des neuropathies périphériques, de la sclérose latérale amyotrophique, des douleurs chroniques et des maladies neurogénétiques. Avec son unité de neuropsychologie, il exerce également une activité de référence sur la mémoire et les troubles de la cognition.
 
Le Département de Neurologie du CHU d’Angers est particulièrement à la pointe en matière de maladies rares neurologiques. Il regroupe à lui seul quatre Centres nationaux de Référence Maladies rares, ce qui est exceptionnel en France. Le Pr Christophe Verny pilote la filière de santé Maladies rares neurologiques BRAIN-TEAM au niveau national.