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L’insuffisance cardiaque touche 1 à 2 % de la population des pays développés. En France, on estime à 1,5 million le nombre de malades diagnostiqués (sans compter ceux qui s’ignorent). Si elle n’est pas prise en charge assez tôt, cette pathologie chronique entraîne des hospitalisations récurrentes et une dégradation importante de la qualité de vie du patient.
L’insuffisance cardiaque est la première cause d’hospitalisation non traumatique sur les sujets de plus de 60 ans, et engendre des dépenses de santé de l’ordre de 1,5 milliard d’euros par an. Pourtant, il existe des traitements efficaces pour améliorer le pronostic de la maladie et la qualité de vie des personnes, à condition d’être diagnostiqué précocement.
Conférence du Dr Sylvain Grall
Conférence animée par le Dr Sylvain Grall, praticien hospitalier au service de Cardiologie du CHU d’Angers, responsable de l’Unité de réadaptation cardiaque et d’éducation thérapeutique.
Qu’est-ce que l’insuffisance cardiaque ?
C’est l’incapacité du cœur à assurer un débit sanguin suffisant pour le fonctionnement des autres organes :
- Soit parce que sa force de contraction est trop faible : insuffisance cardiaque systolique ;
- Soit parce que qu’il ne se relaxe pas bien, et donc ne se remplit pas pleinement : insuffisance cardiaque diastolique.
Cette dégradation des fonctions cardiaques se répercute, dans son évolution terminale, sur d’autres organes (cerveau, foie, reins, poumons…), qui vont dysfonctionner à leur tour par manque d’irrigation. Le patient subit alors une alternance d’épisodes d’amélioration et d’épisodes de décompensation nécessitant une hospitalisation afin de réoxygéner le sang par traitement intraveineux.
L’insuffisance cardiaque non traitée entraîne une mortalité plus importante que la plupart des cancers.
Il s’agit donc d’une maladie grave, longue, progressive, chronique et irréversible. Cependant, chez la plupart des patients les traitements peuvent ralentir fortement l’évolution et permettre une amélioration de la survie et de la qualité de vie.
Elle touche majoritairement des sujets âgés de plus de 70 ans et est en forte augmentation dans les pays occidentaux, du fait du vieillissement de la population. Elle concerne davantage les hommes car les maladies cardiaques, notamment les infarctus, sont plus fréquentes chez les hommes, mais elle est en progression chez les femmes et l’écart tend à se réduire.
Quelles en sont les principales causes ?
L’insuffisance cardiaque est l’évolution finale de la plupart des maladies cardiaques, si elles ne sont pas traitées à temps.
Les pathologies cardiaques les plus fréquentes sont :
- La cardiopathie ischémique, altération de la contraction cardiaque due aux séquelles d’un infarctus du myocarde ou à un rétrécissement chronique des artères coronaires.
- L’hypertension qui au fil du temps provoque une rigidité du muscle cardiaque.
- Les pathologies des valves, qui génèrent des reflux sanguins.
- Les anomalies du rythme cardiaque, notamment la fibrillation auriculaire.
- Les maladies du muscle cardiaque (cardiomyopathies), souvent d’origine génétique.
- En premier lieu l’alcool, qui agit directement sur le muscle cardiaque.
- Le tabac, indirectement : en entraînant un rétrécissement des artères, il est le pourvoyeur n°1 d’infarctus du myocarde, notamment chez le sujet jeune.
- Certains traitements de cancer par chimiothérapie et par radiothérapie.
Quels sont les symptômes de l’insuffisance cardiaque ?
La Société Française de Cardiologie a créé un acronyme qui permet de repérer facilement les signes évocateurs d’insuffisance cardiaque : EPOF.
- Essoufflement
- Prise de poids
- Œdème (des membres inférieurs notamment)
- Fatigue intense.
Si l’on constate l’un ou plusieurs de ces symptômes, il faut consulter sans attendre son médecin généraliste, qui fera appel à un cardiologue pour établir un diagnostic approfondi.
En quoi consiste le diagnostic ?
Il débute par une auscultation, pour caractériser les symptômes (degré d’essoufflement, œdèmes, écoute du cœur…)
Ensuite l’électrocardiogramme permet d’analyser le rythme cardiaque, afin de mettre en évidence une arythmie ou des séquelles d’infarctus.
Si besoin, l’échocardiographie permet de confirmer le diagnostic d’insuffisance.
Enfin, le diagnostic peut être complété par un dosage biologique sanguin afin de trouver des marqueurs biologiques, éléments de confirmation ou d’infirmation.
Peut-on traiter l’insuffisance cardiaque ?
Des traitements efficaces existent, tant pour l’insuffisance cardiaque elle-même que pour les maladies qui peuvent y conduire.
- En amont, il est possible de stopper l’évolution en traitant la cause : hypertension, infarctus, pathologies de la valve cardiaque, arythmie, sevrage alcoolique…
- Si l’insuffisance cardiaque est déjà installée, il faut recourir à un traitement médicamenteux : tri ou quadrithérapie très efficace, actuellement en pleine évolution avec des perspectives très prometteuses. Ces traitements obéissent à des protocoles très précis, visant à obtenir le meilleur dosage entre tolérance et efficacité. Ils peuvent s’accompagner d’un traitement des symptômes (traitement diurétique afin de diminuer la rétention d’eau et les œdèmes).
- Des traitements non médicamenteux peuvent compléter cette prise en charge :
- La réadaptation cardiaque : associe un réentraînement à l’effort, une remise en condition physique et une éducation thérapeutique du patient.
- Le défibrillateur automatique : permet de resynchroniser le cœur et de le relancer en cas d’arythmie grave.
- Le pacemaker : stimule le cœur pour rétablir la fréquence cardiaque nécessaire au bon fonctionnement des organes.
- La réadaptation cardiaque : associe un réentraînement à l’effort, une remise en condition physique et une éducation thérapeutique du patient.
- Au stade terminal, il faut suppléer à la fonction cardiaque :
- En installant une assistance circulatoire ambulatoire, système de pompe autonome miniaturisée qui assure la circulation sanguine à la place du cœur. Ce dispositif complexe, qui nécessite un traitement anticoagulant permanent, est extrêmement lourd sur le plan physique et psychologique.
- En effectuant une transplantation cardiaque, traitement de référence en phase terminale. Environ 400 greffes sont réalisées en France chaque année. C’est une intervention chirurgicale lourde, mais qui donne de bons résultats à moyen terme, avec un taux de survie de 80 % à un an et de 50 % à 12 ans.
- En installant une assistance circulatoire ambulatoire, système de pompe autonome miniaturisée qui assure la circulation sanguine à la place du cœur. Ce dispositif complexe, qui nécessite un traitement anticoagulant permanent, est extrêmement lourd sur le plan physique et psychologique.
Quel mode de vie adopter pour éviter l’insuffisance cardiaque ?
- De façon préventive, il faut éviter ou traiter tous les facteurs de toxicité directe ou indirecte pour le cœur :
- alcool
- tabac
- sédentarité
- obésité
- alcool
- Faire de l’exercice quotidiennement est essentiel pour la santé du cœur.
- Se peser régulièrement et consulter en cas de prise de poids soudaine ou inexpliquée.
- Ne pas saler l’alimentation.
- Observer strictement les éventuels traitements pour des pathologies pouvant entraîner une insuffisance cardiaque : hypertension, diabète, cholestérol (à surveiller une fois par an à partir de 40 ans).
Le service de cardiologie du CHU d'Angers
Le service de cardiologie du CHU d’Angers accueille chaque année plus de 18 000 patients en consultation et 4 000 en hospitalisation. Il comporte :
- une unité de soins intensifs pour la prise en charge des urgences cardiaques,
- une unité de cardiologie interventionnelle fonctionnant 24h/24,
- une unité d’hospitalisation de semaine de 5 lits,
- une unité de rythmologie et de stimulation,
- une unité de réadaptation cardiaque et d’éducation thérapeutique,
- une unité de cardiologie générale,
- un laboratoire d’échocardiographie,
- un plateau technique d’explorations cardiaques,
- le centre de la douleur thoracique